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Antoine Collet
20 décembre 2018

Séparation Des Familles De Migrants : Pourquoi Trump A Fait Volte-face

Ce mardi, la présentatrice du journal télévisé de NBC n'a pas pu finir son journal. Trop émue et au bord des larmes, elle venait de découvrir en direct une dépêche annonçant que des bébés avaient été séparés de leur mère et regroupés dans une pouponnière fédérale près de la frontière mexicaine. Victimes du durcissement des mesures prises par le gouvernement fédéral américain contre les immigrés clandestins arrêtés, à qui, systématiquement depuis fin mai, on retire leurs enfants. 2 325 mineurs ont déjà subi ce traitement. Une mesure que Donald Trump, en dépit des critiques innombrables, défendait en répétant sur tous les tons qu'il se refusait à « infester (sic) les États-Unis d'immigrants comme les démocrates le souhaiteraient ». En dépit de la cruauté de cette méthode, qui, pour certains Américains, évoquaient des pratiques dignes des camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale, le président ne semblait pas vouloir humaniser sa politique de tolérance zéro. Une fermeté qui s'expliquait pour l'essentiel par des raisons électorales. Si une bonne partie de l'Amérique se dit choquée par ces pratiques - au point que même Melania Trump, la première dame, les a critiquées -, l'électorat républicain, lui, semblait soutenir le président. Lire aussi Coignard - États-Unis : l'union sacrée des premières dames Il a tout de même fini par céder et signé mercredi un décret qui annule la séparation automatique des familles d'immigrants clandestins. Ils resteront ensemble en détention, en attendant le procès des parents. « Les familles resteront unies, mais nous nous aurons une frontière très imperméable », a triomphé le président. Cette volte-face, aussi brutale que l'était la mesure de séparation vient peut être, en partie, du risque qu'il courait d'être lâché par un groupe extrêmement influent : le lobby des Églises évangélistes, que l'on appelle aux États-Unis la Christian Coalition, qui, en novembre 2016, a largement contribué à son élection. Une politique qui, globalement, n'est pas contestée Dans une lettre adressée aux membres du Congrès, son président, Ralph Reed, indique qu'il faut que sénateurs et représentants votent rapidement une loi sur les modalités d'une immigration contrôlée qui mettrait fin aux pratiques choquantes de l'administration fédérale à l'égard des enfants d'immigrés clandestins. Cette organisation, Faith and Freedom, compte 1,8 million de membres, mais probablement dix fois plus de sympathisants. De plus, elle s'était engagée à mettre 20 millions de dollars dans les élections de midterm, en novembre, pour défendre les candidats républicains en difficulté. Ce sont là des arguments qui peuvent d'autant plus compter auprès de Trump que la Christian Coalition ne remet pas en cause la politique du président en matière de contrôle de l'immigration, mais simplement le dispositif concernant les enfants, qui suscite l'émoi aux États-Unis. C'est, en tout cas, une prise de position qui a dû faire réfléchir Donald Trump : en 1994, Ralph Reed et son lobby évangéliste, que le magazine Time avait présenté en couverture sous le titre « la main droite de Dieu », avaient contribué, aux élections de mid-term, à faire perdre d'un coup à Bill Clinton la majorité au Sénat et à la chambre des Représentants. Les leçons du passé comptent, même pour Donald Trump.

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Antoine Collet
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A propos
Bonjour, je m'appelle Antoine Collet : quarantenaire bien dans ses pompes, papa heureux, époux comblé, et humain désespéré.

Je partage ici avec vous mon point de vue sur ce monde à la dérive, et son actualité toujours plus désespérante.
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